Transhumance des chevaux de Mérens à MontbelTranshumance des chevaux de Mérens à Montbel
©Transhumance des chevaux de Mérens à Montbel|Office de Tourisme des Pyrénées cathares

La transhumance

Tradition pastorale millénaire

Chaque année, début juin et fin octobre, la transhumance des troupeaux rythme le passage du temps en Pyrénées Cathares. Au printemps, les éleveurs envoient les troupeaux paître en altitude pour profiter de l’herbe grasse et de la liberté dans les prairies des estives. Ils redescendront avec les premiers froids. La transhumance, c’est une tradition millénaire dans les montagnes françaises. En Pyrénées Cathares, vous verrez des vaches, des brebis et des chevaux partir pour vivre quelques mois en semi liberté, sous l’œil vigilant des pâtres en pleine montagne. Le temps d’une transhumance, vivez le quotidien des cowboys… A cheval !

Portrait de Sylvain SalaméroPortrait de Sylvain Salaméro
©Portrait de Sylvain Salaméro
Sylvain Salaméro

Depuis fort longtemps, j'élève des chevaux, mais la transhumance reste une émotion particulière... C'est un moment unique d'autant qu'il y a peu de régions en Europe où existent de grands espaces dans lesquels les chevaux peuvent vivre en mode quasiment naturel.

Imaginez-vous au pas du troupeau, suivre la transhumance des chevaux de Mérens et de Castillon et traverser les villages des Pyrénées… La transhumance, c’est le déplacement saisonnier des troupeaux entre une zone où les animaux pourront se nourrir (l’estive par exemple) et leur lieu de départ. Chaque printemps, la montée en estive est une fête que partagent les éleveurs, les pâtres, les habitants, des randonneurs (à pied et à cheval) et nombre de touristes qui font parfois le déplacement depuis l’étranger pour découvrir une tradition unique. En octobre, la redescente vers les fermes, si elle est plus discrète, est aussi plus animée, car les chevaux ont gagné en force et en vivacité ! Mais vivre la transhumance, en tant que cavalier, en montée comme en descente, reste une expérience inoubliable, même si elle est réservée à des cavaliers plutôt confirmés, ayant l’habitude de l’équitation en extérieur !

Le pastoralisme

Tradition vivante

Depuis la nuit des temps, dans les montagnes pyrénéennes, les troupeaux quittent la ferme pour rejoindre les estives au printemps et en redescendent avant l’hiver (fin octobre). Si certains font le trajet en camion depuis la ferme jusqu’au bas de l’estive, nombre d’éleveurs renouent aujourd’hui avec la tradition et emmènent les bêtes, brebis tarasconnaises, vaches gasconnes et chevaux de Mérens et de Castillon, à pied ou à cheval, rejoindre les verts pâturages et la liberté.

L’estive c’est un moyen d’alléger le travail des éleveurs et d’économiser les ressources  de la ferme (elles serviront à nourrir les bêtes en hiver) tout en offrant aux animaux de l’élevage les pelouses grasses et l’herbe abondante de la montagne ainsi qu’une vie très proche de leur état naturel.

Les juments et leurs poulains pas encore sevrés partent en priorité et profitent de l’estive de juin à octobre. Entre 1 500 et 2 500 mètres d’altitude, les troupeaux broutent, vivent et galopent au rythme des éléments naturels… Une vie de rêve !

Si un étalon rejoint le troupeau des juments pendant leur estive, en octobre, ce sont généralement de futures mamans (juments gestantes) qui redescendront de l’estive. Les poulains eux seront quasiment sevrés à la descente, ils se seront affirmés et renforcés au contact des éléments naturels.Les jeunes mâles (de un à trois ans) pas encore dressés partent vers des estives dédiées.

Pendant ces mois de liberté, les chevaux d’estive ne verront que le pâtre qui veille sur eux, de temps en temps l’éleveur et les randonneurs qui passent par leur estive !

Au pas des chevaux

Comme des cowboys

Si certains suivent la transhumance à pied, par petites étapes, les cavaliers eux parcourent les 80 à 100 km en suivant le troupeau. Chaque soir, une étape est prévue dans un gîte, car les nuits sont fraîches. Sur 4 à 5 jours, de village en village, de routes en sentiers, puis de la vallée vers la montagne, il faut conduire le troupeau vers son estive ou faire le chemin inverse en octobre.

La montée est plus calme, car en juin, les jeunes qui accompagnent leurs mères sont encore petits et le rythme se cale sur celui des poulains. Ils sont guidés et accompagnés vers le bas de l’estive où ils prendront leurs quartiers d’été avant de redescendre en automne.

Pour la transhumance d’octobre, les éleveurs vont « ramasser » les troupeaux dans l’estive : c’est très physique et assez technique. Ce sont des terrains accidentés de haute montagne où l’on peut mettre le troupeau en danger si l’on fait les mauvais gestes : c’est donc un travail de professionnel même si souvent les chevaux anticipent et redescendent déjà avec l’arrivée de la fraîcheur. Une fois en bas de l’estive, ils sont ramenés vers les fermes. La descente d’estive est plus sportive. Les poulains ont déjà plusieurs mois, ils sont très vifs. C’est presque du convoyage de troupeaux et on vit quasiment ce que vivaient les cowboys d’Amérique du Nord. Il faut être capable de réagir vite pour ramener un ‘fugueur » qui s’échappe.

 

Chevaux d'estive

Retour à la nature

L’estive façonne les chevaux. Ce mode d’élevage en fait des montures fiables au pied sûr, robustes, sobres, habituées à l’extérieur et parfaitement socialisées. Ces mois de vie en semi-liberté dans un mode quasiment naturel les transforment, même s’ils ne redeviennent pas sauvages pour autant. Les chevaux de Mérens et de Castillon sont des races transhumantes, parfaitement adaptées à ce type d’élevage, qui sont sélectionnées depuis la nuit des temps , pour résister en pleine nature, aux différences de températures, à la neige, aux gros orages, à toutes les conditions qu’on peut avoir en zone de montagne à plus de mille mètres.

L’estive transforme les chevaux et pour rien au monde, en tant qu’éleveur, je ne changerais cette méthode d’élevage.

Emotion

Le bonheur des chevaux

« Pour nous, éleveurs, à chaque fois qu’on emmène nos chevaux en transhumance, c’est toujours une émotion particulière ! On ressent le bien-être des animaux. Ca fait partie des éléments extrêmement positifs, qui dans un métier d’éleveur plutôt rude, nous nourrissent et font qu’on choisit ce métier.

Quand on les lâche à la montagne ils nous expriment combien ils sont heureux d’être là. A chaque fois, il y a ce moment de joie, quelques ruades de contentement, puis les chevaux mettent le nez par terre parce qu’ils trouvent la bonne herbe de la montagne et le troupeau s’étend et se disperse dans la jasse (grandes clairières où se reposent les animaux).

C’est cette émotion qu’on partage avec ceux qui accompagnent la transhumance.

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