Le promontoire rocheux au sommet duquel se trouve le château de Montségur au soleil couchantle pog de Montségur
©le pog de Montségur|Dominique Viet - Ariège Pyrénées Tourisme
L'Histoire devenue légende

Le catharisme

Qui étaient les Cathares ? Comment cette religion est-elle apparue dans le Midi de la France ? Y a-t-il encore des cathares aujourd’hui ? Récits légendaires et réalité historique se sont entremêlés au fil des siècles. Il est difficile aujourd’hui de faire la part du vrai et du faux entre mythe, légende, histoires farfelues et Histoire de France. Faisons la lumière sur l’épopée des hérétiques du Languedoc médiéval car ils ont marqué pour toujours l’identité des Pyrénées Cathares.

L'évangile autrement

Au XIᵉ siècle se développent des mouvements spirituels dissidents, alors que l’Eglise catholique monte en puissance et se structure. Ainsi des communautés “cathares” se développent un peu partout en Europe occidentale (Flandre, Bourgogne, Champagne, Angleterre, Italie, Allemagne) sous différents noms (piphles, publicains, tisserands, patarins, bougres, albigeois).

C’est dans le territoire occitan que le catharisme connaît l’essor le plus significatif. Dans toute la région, des hommes et des femmes, simples sympathisants, croyants affirmés ou religieux affichés, adhèrent à cette autre conception du christianisme.

Leur vision du monde se fonde sur une interprétation différente des Évangiles. Selon ces croyants, le Bien et le Mal gouvernent respectivement le ciel et la terre. Le Christ serait un pur esprit envoyé sur terre par Dieu afin d’apporter aux hommes le baptême par l’Esprit Saint : le consolament. Ce baptême est donné par les bonshommes aux croyants par l’imposition des mains et uniquement à partir de 13 ou 14 ans pour que le croyant s’engage en toute connaissance de cause et par conviction.

 

Un mode de vie

Les religieux cathares se nomment les “bons hommes” ou “bonnes femmes”, “bons chrétiens” ou “bonnes chrétiennes”. Ils s’organisent en communautés rattachées à un territoire de prédication ou diocèse. À la tête du diocèse, un évêque est assisté d’un Fils majeur et d’un Fils mineur. Des diacres assurent le lien de chaque communauté avec la hiérarchie de chaque évêché.

Les “bons hommes” se considèrent comme les seuls vrais disciples des apôtres. Ils pratiquent la pauvreté absolue et ont l’obligation de travailler de leurs mains pour vivre. Ils ne possèdent pas d’église ou de monastères et se retrouvent pour prêcher en occitan auprès des populations locales dans des “maisons” où vivent des fidèles. Cette manière d’appréhender la pratique de la foi répond à la soif d’une spiritualité accessible, compréhensible et de proximité des croyants.

Prière cathare

La prière de référence est le Notre Père, mais les cathares utilisaient aussi d’autres prières.

Texte de la prière cathare ci-dessus

« Puisque nous ne sommes pas de ce monde et que ce monde n’est pas de nous, donne nous à connaître ce que tu connais et à aimer ce que tu aimes […] »

 

 

En quelques mots

Albigeois : Membres de la secte religieuse hérétique répandue dans le Midi de la France au XIIIe siècle, notamment aux environs d’Albi et dans le Bas Languedoc. Aussi appelés Cathares. Pour rappel c’est aussi l’actuel nom des habitants de la ville d’Albi 😉*

Bons Hommes, Bonnes Femmes : Les religieux cathares se nomment les “bons hommes” ou “bonnes femmes”, “bons chrétiens” ou “bonnes chrétiennes”. Ce terme respectueux est employé par les croyants pour désigner les religieux et ordonnés de l’Église cathare.

Cathares : au milieu du XIIe siècle, l’Église catholique utilise le terme “cathare” pour désigner les membres d’une communauté aux idées jugées subversives qu’elle condamne tout d’abord en Rhénanie (Allemagne). C’est l’un des termes péjoratifs utilisés par les clercs médiévaux pour désigner les hérétiques (publicains, patarins, albigeois, tisserands, manichéens, etc). En Occitanie, on parle alors de l’« hérésie albigeoise », de « l’albigéisme » et des « albigeois ».  C’est au XXᵉ  siècle que le terme « cathare » se substituera à ces dénominations.

Consolament : seul sacrement de la religion des « bons chrétiens », c’est un baptême donné par simple imposition des mains. Pratiqué par le clergé cathare, il consacrait l’entrée en vie chrétienne du croyant et le déliait de ses péchés en vue du salut de son âme.

Faydit : seigneur ou bourgeois méridional dépossédé et banni par le pouvoir français à la suite de la croisade contre les Albigeois.

Inquisition : tribunal ecclésiastique spécialisé et itinérant, créé au XIIe siècle par l’Église catholique. Elle faisait appliquer des peines variant de simples peines spirituelles (prières, pénitences) à des amendes lorsque l’hérésie n’était pas établie, mais pour les hérétiques les peines allaient de la confiscation de tous les biens à la peine de mort.

 

 

Une menace pour l'Eglise

À partir de la deuxième moitié du XIIe siècle, les communautés cathares se développent dans l’Occitanie dominée par les comtes de Toulouse : elles inquiètent la Papauté. De nombreux fidèles les rejoignent et elles sont soutenues par les principales familles nobles notamment dans le comté de Foix dont font alors partie nos actuelles Pyrénées cathares.

L’Église catholique se sent menacée par la propagation des croyances cathares en Languedoc. Elle cherche à combattre l’hérésie des “bons hommes » ainsi que les seigneurs occitans, accusés de favoriser l’expansion et de protéger les communautés hérétiques.

Au tout début du XIIIᵉ siècle, des missions épiscopales et cisterciennes envoyées pour contrer l’hérésie en Toulousain et Carcassès ne rencontrent que peu de succès. Pas plus que le futur Saint Dominique qui combat le catharisme par le prêche auprès des populations du Lauragais.

La tension monte. Le meurtre du légat du Pape, Pierre de Castelnau en 1208 à St Gilles du Gard sera l’étincelle ! En 1209, Le pape Innocent III déclenche la croisade contre les Albigeois, première guerre sainte en Europe. Sous couvert de lutter contre l’hérésie, la croisade devient vite une guerre de conquête qui vise le comte de Toulouse et la noblesse occitane.

20 ans de guerre

La croisade, un temps menée par Simon de Montfort, dure vingt ans (1209-1229). Deux décennies de sièges, de batailles rangées, de guérillas et de tractations diplomatiques ! L’intervention du roi de France dans le conflit aboutit à la reddition du comte de Toulouse Raymond VII, qui se soumet au pouvoir royal. L’Occitanie sera rattachée au Royaume de France.

Bien que la question politique soit réglée en 1229 et malgré les terribles bûchers collectifs et les épisodes sanglants du conflit, la croisade religieuse est un échec. Les communautés cathares restent actives dans les Pyrénées et autour du refuge que représente Montségur.

Face à ce constat, le Pape Grégoire IX fonde le tribunal de la Sainte Inquisition en 1233. Ce système pénal itinérant, confié aux Dominicains, devra identifier les hérétiques et les réseaux de complicité par des méthodes d’investigation et de dénonciation. Avec son organisation méthodique, elle met une forte pression sur la population locale et sème l’effroi.

Montségur, rebelle, devient la tête et le siège de l’Église hérétique occitane à partir de 1232. Et en 1242, un commando quitte le castrum pour se rendre à Avignonnet où le tribunal inquisitorial s’était établi pour passer la nuit : les hommes en arme massacrent les religieux.

La fin de l'histoire cathare

Condamnée par le Pape et le roi de France, cette sanglante expédition déclenche le siège du nid d’aigle par une armée croisée de près de 3 000 hommes. Le castrum de Montségur tombe le 16 mars 1244 après dix mois de siège. L’épopée se termine par un bûcher de 225 religieux et croyants cathares. La tête de l’Eglise cathare est détruite : les “bons hommes” sont réduits à la clandestinité ou à l’exil vers la Lombardie et la Catalogne voisine. Ils seront traqués et persécutés pendant près d’un siècle jusqu’à l‘éradication du catharisme au début du XIVe siècle. L’arrestation puis le bûcher des “bons hommes” Jacques et Pierre Authié en 1309, puis Guilhem Bélibaste en 1321 à Villerouge Termenès, marquent la fin de la dissidence cathare en Languedoc.

Les conséquences de cette page d’Histoire sont encore bien visibles. Les sites de Roquefixade et Montségur en témoignent : érigés en forteresses royales, ils deviennent des postes frontières pour faire face à l’Espagne. Les villages que nous connaissons aujourd’hui se sont alors installés au pied des châteaux. Guy de Lévis, lieutenant de Simon de Montfort durant la croisade, devient seigneur de Mirepoix.

Blason Famillelévis
Seigneurs de MirepoixFamille Levis-Mirepoix

Guy de Levis, lieutenant de Simon de Montfort pendant la croisade et seigneur de Levis en Ile-de-France, se voit attribué la seigneurie de Mirepoix.

Sa famille, au pouvoir du XIIIᵉ au XVIIIᵉ siècle, deviendra une puissante famille de seigneurs languedociens. Elle fera construire des sites emblématiques comme les châteaux de Lagarde et de Léran. Les Levis participent à l’embellissement de la cathédrale Saint-Maurice de Mirepoix et du village fortifié de Camon.

On trouve trace des Mirepoix-Lévis dans l’histoire politique de  la ville de Mirepoix jusqu’au XXe siècle : Antoine de Lévis-Mirepoix (Antoine Pierre Marie François Joseph de Lévis-Mirepoix), dit duc de Lévis-Mirepoix, né à Léran (Ariège) le 1er août 1884 et mort à Lavelanet (Ariège) le 16 juillet 1981, est un romancier, historien et essayiste français, membre de l’Académie française. Il était le 5e duc de San Fernando Luis, Grand d’Espagne, et le 4e baron de Lévis-Mirepoix.

Tout sur Montségur

Haut-lieu cathare

Montségur a accueilli les Cathares et a été un lieu de vie important pour la religion hérétique. Il en reste de nombreuses traces. En découvrant la forteresse, reconstruite sur le castrum cathare d’origine, en haut du pog et visitant le village maintenant au pied de la montagne, en écoutant les histoires et légendes véhiculées encore aujourd’hui, vous pourrez vous faire une idée de ce que fut cette épopée médiévale à la triste conclusion.

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